Vers un passé, un instant
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HOMMAGE A FATALINE
Au commencement, Fataline orpheline, abandonnée de tous , arrive dans notre famille.
Elle avait à peu près deux mois. La rue n'avait pas eu le temps de la faire souffrir. C'était une jolie minette de race européenne, devenue chez nous "le Chat de la Maison". Sa robe soyeuse "tabby" dessinait de grands méandres sombres et jaunes et formait une lyre noire entre ses yeux cuivre.
Elle a vécu dix-neuf ans auprès de nous. Cet animal très doux et intelligent ne savait pas ce que c'était que griffer, car jamais ses pattes n'ont dérapé sur ma peau.
Au contraire, elle suivait chacun de mes gestes, avalant du regard mes mouvements qu'elle connaissait parfaitement. Bien dans sa tête, tranquille sur le rebord du buffet, elle me scrutait en penchant son museau.
Nous faisions un jeu ensemble : cache-cache. Je ne laissais apparaître qu'un oeil dans l'encoignure de la porte, avec un petit bruitage de la bouche. Ses yeux étaient alors démesurés. Tout doucement... progressivement, elle se préparait à bondir... Puis elle fonçait en sautant sur ses pattes arrière, debout devant moi, ses pattes avant ouvertes en étoiles.
Bien des fois nous avons pratiqué ce jeu favori, jusqu'au jour où je me suis aperçue qu'elle avait vieilli car elle s'essoufflait un peu. Nous avons alors cessé cette complicité entre nous et j'ai trouvé un nouveau jeu avec cette Vieille Dame Chat.
Elle devinait l'heure de mon arrivée. Lorsque je rentrais de mon travail, elle m'attendait, au bas de l'escalier de la maison, à côté du grand miroir doré.
Puis un jour, un soir, le miroir semble trop loin, l'escalier trop fatigant. Alors...
Elle me surveille d'un peu plus haut dans cet escalier n'arrivant plus à descendre, cherchant dans ce miroir mon image renvoyée lorsque je passe la porte... Et puis...
Ce 3 Janvier 2001... Elle ne peut plus m'attendre. Elle est trop faible. Elle s'endormira pour toujours, à l'heure où la lumière se voile et s'en va, pour "le Paradis des Chats" .
Le temps ne compte pas.
Fataline n'est plus là. Je ne l'ai jamais oubliée, elle reste dans mon coeur.
C'est mon trèfle à quatre feuilles.Ce n'est pas triste parce qu'un jour, elle a existé pour nous. Elle a vécu dix-neuf ans chez nous. Quel Bonheur !
Demain j'inventerai
Une comptine caline
Pour Fataline
Paulette B.
Hommage à Fataline, Vendredi 29 Janvier 2010
"Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m'avoir connu"
"Le Petit Prince" d'Antoine de Saint-Exupéry
Ici, ma douce plante carnivore !